Alléché par l’annonce faite, d’un film diffusé sur FR3, sous le titre : « A l’Elysée, un temps de président » dont la presse disait qu’il contenait quelques perles, je n’ai pas été déçu.
On y voyait, dans ce milieu fermé, une petite cour s’agiter comme au beau temps de la monarchie. A-t-on assez parlé de « monarchie républicaine » en France! Ce n’est pas un vain mot. Autour du puissant du moment, s’active toute une ruche de gens qui ont pour fonction de maintenir la fiction du meilleur gouvernant possible. Il y a là, de jeunes communicants aux dents longues, de vieux apparatchiks recasés ou pantouflant, une armée de serviteurs dont on a du mal à identifier la fonction, et pour finir, un monarque (ici assez bonhomme, il faut dire), mis en valeur pour la télévision. La démocratie d’opinion a besoin d’images parfaites, pour une illusion parfaite. Or c’est au beau milieu de ce ballet qu’on nous présente une séquence, sidérante. Le président doit s’acquitter de la cérémonie de la présentation des vœux au peuple en fin d’année. On le voit et on voit ses conseillers travailler au discours, on observe la mise-en-scène, les lumières, les cadrages, on entend les commentaires, on comprend comment se fabrique l’image, et là, on découvre soudain qu’on va mettre des coussins empilés sous les fesses du président pour qu’il soit « à la hauteur », derrière son bureau. Un « réhausseur » comme on en met aux enfants qu’on emmène au cinéma ou chez le coiffeur. On comprend les nécessités de l’image, le président doit donner l’impression de « dominer » son sujet. Mais soudain, cruelle, l’analyse de l’image nous livre sa vérité symbolique: le président n’est pas à la hauteur. Terrible constat, et terrible subterfuge, un coussin de mousse sous les fesses. A-t-on assez moqué les « talonnettes » de son prédécesseur ! Dès lors, le reportage devient d’une drôlerie absolue et les conseils donnés par le même et son premier ministre à la nouvelle ministre de la culture, dont on peut supposer qu’elle ne sait encore que faire de son nouveau maroquin, claquent comme un aveu : « demande donc à Jack Lang il a des idées, et à Monique complète le second, et puis sors, va au spectacle, dis aux artistes que tu les aimes et que ce qu’ils font a un impact économique, « ils aiment bien ça » conclut le président avec un clin d’œil complice. Quel cynisme et quelle rouerie ! Inutile d’en rajouter, la cruauté de ce reportage, ce qu’il révèle d’habitudes, de faux-semblants, laisse pantois. L’amateurisme de ceux qui l’ont laissé diffuser frise le crime de lèse-majesté. Et on voudrait après ça que les Français aient une haute opinion de la politique et de ses représentants !