Qu’on le veuille ou non, et quelques soient nos opinions ou préférences politiques, force est de constater que le spectacle de cette élection présidentielle ressemble à un paysage dévasté par le passage d’une tornade. Il y a ainsi des dérèglements politiques qui ressemblent à des dérèglements climatiques : Trump aux Étas-Unis, le Brexit en Grande Bretagne, en attendant les suivants sur une ligne de propagation qui ne nous épargnera probablement pas.
Ce qui est en train de voler en éclats, c’est la vieille alternance Gauche-droite, le balancier politique qui était de règle dans les pays occidentaux depuis des décennies. Certes la tentation des uns ou des autres vers leurs extrêmes était assez vite tempérée par le retour au réalisme budgétaire et passées les premières années de gouvernement où se commettaient en général l’irréparable, le reste du temps consistait à aménager les désordres qu’on avait causés par trop de précipitation. On aurait pu en déduire qu’il convenait d’élire des hommes expérimentés aux plus hautes fonctions et non des radicaux dans chaque famille politique pour retrouver un peu de sérénité dans un pays secoué ces derniers temps par la crise du monde du travail, de la religion et de la cohésion nationale. Et c’est dans ce contexte qu’on a vu apparaître un Rastignac au physique de jeune premier, sans véritable expérience élective, davantage homme de cabinet que de suffrage universel, davantage prêcheur évangélique que batteur d’estrade à l’ancienne, apte à capter la lumière, ayant pour principal atout sa jeunesse qui le distingue des vétérans de la politique mais dont il faut bien admettre qu’il est le candidat idéal pour tous ceux, lobbys et groupes de pression nationaux et internationaux qui s’apprêtent à remplacer le suffrage universel par l’opinion médiatique. Un candidat qui ne traîne aucune casserole derrière lui cela signifie au moins deux choses, qu’il n’est pas passé par la cuisine ou qu’il est lui-même déjà cuisiné. À preuve l’ahurissante déclaration sur la colonisation en Algérie, là-même où tous les représentants de la France jusqu’ici avaient résisté à la sollicitation pressante des hôtes locaux. On imagine sans peine ce qu’un jeune dirigeant de cette sorte aurait à opposer à la pression internationale. Il lui manque, c’est l’évidence, un peu de poids pour incarner une stabilité et la force de caractère nécessaire à cette fonction. C’est sans doute ce qu’à dû se dire François Bayrou, prenant la mesure d’un candidat qui braconnait sur ses terres : autant en faire un garde-chasse et lui apporter tout le savoir, l’expérience et la réflexion cinégétique que des années de parcours politique ont appris à notre remarquable stratège Béarnais. À l’évidence, il a lui, l’expérience, la maturité et la réflexion, qualités qui transparaissent dans son livre « Résolution ». Toute la question pour le jeune candidat sera d’être capable de résoudre la distance ou l’énigme qui se cache dans ce jeu sémantique, lui qui a intitulé son livre de campagne « révolution ». En, tout cas, il aura un professeur en la matière qui devrait lui éviter les faux-pas. Passer de la révolution à la résolution est plus modeste et cause moins de dégâts, l’histoire l’atteste amplement. Et c’est ainsi que se redessine le paysage fracturé de la politique française où à défaut de trouver un candidat sans défaut, on a trouvé un candidat par défaut qui va se trouver paré des vertus des autres. Espérons pour lui, qu’il ne sera pas le geai de la fable de La Fontaine paré des plumes du paon mais comme dit le fabuliste, « ce ne sont pas là mes affaires ».