((/public/images.jpeg|le bain turc||le bain turc, mai 2014))Visite à Paris de l’exposition consacrée à Martial Raysse, « notre Pop-artist » français, le seul qui soit reconnu à l’étranger au même titre que Warhol, Lichtenstein (dont on a vu récemment une exposition au Centre Pompidou) ou Polke.
Ses tableaux, et installations des années soixante sont épatants de drôlerie, d’invention, d’intelligence et en parfaite consonance avec ce qu’analysait à l’époque Roland Barthes dans ses « mythologies ». Le kitsch, la publicité, l’érotisme qui clapotaient au fond de la société des trente glorieuses est là, exhibé et montré, les néons viennent s’insérer dans la toile comme une couleur encore plus moderne, les jouets de plastique et les vraies plages avec musique Juke-boxes et cinéma s’invitent dans les installations, la mise en scène du tableau emprunte à la fois à l’histoire de l’art et au quotidien, c’est la vraie peinture de la culture du « culturel » de l’époque. Tout cela est connu et très réussi et l’on est heureux de le voir ou de le revoir. Mais la suite ? Ce moment où, après avoir été vivre du côté des hippies californiens, période dans laquelle il se contente de tirer des cordes à linge sur lesquels ballottent quelques objets naïfs et autres bouts de bois, est plus déroutant. Raysse se tourne alors vers une sorte de minimalisme pop qui n’est pas sans rappeler Lichtenstein et où la figure de la femme, (sa femme) apparaît comme un repère majeur, découpé, déformé dans du plexiglas qui le transforme en signe graphique et marque sans doute la fin d’une grande période. Les trente dernières années semblent nous faire basculer dans autre chose, une peinture méchante, aigre comme un dessin de Grosz et en même temps banale d’apparence comme une peinture d’amateur. On sent le burlesque, on sent que la mise en scène en est plate et parodique, mais, comment dire, cette humanité ainsi présentée avec ses couleurs de vielle gouache montre bien quel regard Raysse porte sur notre temps. Il y manque portant la joyeuse invention des années soixante où chaque tableau faisait mouche. Je quitte l’exposition perplexe ne sachant plus trop quoi en penser.