BREXIT

Parmi les apports que nos amis les Anglais ont offert à l’humanité, il y a indiscutablement le sport, surtout le sport collectif et les règles qui vont avec. Ils ont en particulier inventé le golf ; ce sport qui contrevient si bien à la nature humaine que Churchill a pu le résumer en disant que c’était la meilleure manière de gâcher une promenade dans un cadre agréable par la faute d’une petite balle blanche ; mais encore le rugby ou le cricket cette « chose » qui ne peut être comprise et jouée que par des Anglais.

Ce peuple donc a génie des règles et entend qu’on s’y conforme à la manière dont il les comprend lui-même .C’est ainsi que les Français, les latins en général , ont toujours beaucoup de mal, -quoiqu’étant adeptes de ce sport qui chez eux s’appelait à l’origine, la Soule-, à s’adapter au point de vue Anglo-Saxon, de sorte que pendant longtemps, ils furent durement pénalisés par les arbitres du Board qui appliquait (et applique toujours quoiqu’il ait nommé un français à sa tête) le règlement Anglais. Tout cela était dans l’ordre des choses, l’esprit Britannique, pendant longtemps, régna sur les terrains de sport du Commonwealth et de la planète.Il n’y avait donc aucune raison pour qu’il ne règne pas non plus sur la communauté européenne. Et puis, un jour, l’Europe rappela aux Anglais qu’ils n’étaient en somme qu’une île, une sorte de porte-avion tourné vers l’Atlantique et singulièrement vers l’Amérique du Nord à laquelle ils avaient par un heureux concours de circonstances, légué une langue, la leur et aussi leur façon de penser, mais qu’un continent, certes modeste dans ses dimensions, mais peuplé de 500 millions d’individus se constituait comme puissance économique et comme ensemble politique et culturel en face d’eux. La première Europe, au lendemain de la guerre, les laissa indifférents car ils avaient montré en cette circonstance les vertus de leur caractère national de résistance. Seulement, cette puissance nouvelle les obligeait à se poser la question de leur position et attitude à adopter par rapport à elle. Ils finirent par décider d’y entrer non point pour s’y fondre mais, si possible, pour en contrôler l’exercice, l’impérium et la volonté. Ils y réussirent si bien que n’en adoptant que les règles qui leur convenaient et en particulier pas la monnaie, ils y placèrent davantage de fonctionnaires, de lobbystes et de décideurs que bien d’autres pays membres comme la France par exemple. Mais l’Europe a sa logique et une certaine propension à produire elle aussi des règles et des contraintes bureaucratiques à l’excès et cette logique la pousse à étendre ses prérogatives et au nom du principe de subsidiarité, à prendre le pas sur la volonté des nations particulières, ce qui ne pouvait qu’indisposer une ancienne puissance qui ne s’est jamais laissé dicter ce qu’elle avait à faire. Alors, à intervalles réguliers, cette invitée du bout de table qui avait transformé sa chaise en place d’honneur, donnait de la voix et fomentait une petite crise institutionnelle. On se souvient de Miss Thatcher réclamant « My Monney back » exigeant qu’on lui rembourse la part de sa cotisation qui excédait son retour sur investissement communautaire. Plus récemment, M. Cameron pour des motifs semblables menace de quitter l’Europe si elle ne lui accorde pas les dérogations qu’il lui demande. On appelle cela le « Brexit » et ce mot valise indique bien que les Anglais peuvent aller du mot à la chose et quitter la table en plein repas. Chocking! A vrai dire, cette menace est à double tranchant car elle paralyserait tout autant les Britanniques que les Européens, la City n’a pas été longue à l’envoyer dire aux dirigeants de son pays en faisant aussitôt plonger la livre, mais la City, n’est pas le peuple. Les spécialistes considèrent cependant que si elle était mise à exécution cela empoisonnerait le quotidien des Européens comme des Britanniques pendant des années, voire des décennies et ne changerait rien au climat de guerre d’influence au sein de la communauté. C’est pourquoi, M. Cameron est venu expliquer aux Européens qu’il fallait changer les règles et qu’au jeu de la politique, comme du sport, il n’y avait de bonne méthode que Britannique. L’Europe, en somme, est un jeu qui se joue à 28 ces temps-ci, mais où, nécessairement à la fin, ce sont les Anglais qui gagnent. Cela rappelle ce qu’on disait de l’Allemagne à propos du football. L’ennui, c’est que dans cette affaire, c’est souvent la France qui perd. Et c’est pourquoi, l’avenir du sport comme de la politique inquiète tant les Français. A vrai dire, elle devrait aussi inquiéter les Anglais qui cette fois risquent bien de découvrir la leçon de cet adage français qui dit: « tel est pris qui croyait prendre », une sorte de morale à la façon de Jean de la Fontaine. Qui? Ah un écrivain français. Vous feriez mieux de citer Shakespeare!

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