COUR DE RÉCRÉATION

C’est un peu irrévérencieux pour un Président et des élus dont il s’agit dans le cas précis, mais l’atmosphère de cour de récréation qui règne ces jours-ci dans le microcosme politique autorise la comparaison. Des garnements aux prises avec leur égo, leur fort caractère et leurs disputes récurrentes, sur fond d’antagonisme politique, ça donne ceci : « et que je vais fouiller dans tes comptes de campagne, et que je vais te faire « ta fête » et que nous allons rejouer la grève des cours, et que je te cite Victor Hugo pour montrer que moi aussi j’ai des lettres » !

Comme nous avons nous mêmes mauvais esprit, il nous vient en mémoire que le dernier révolutionnaire grand admirateur de Victor Hugo était le général Giap, ancien prof d’histoire formé en France, car comme le remarque R.Debray : « les révolutions coloniales sont nées autant au Boul’Mich que dans les champs de cannes à sucre » ou dans les rizières. Ce n’est pas Pol Pot étudiant en Sorbonne dans les années cinquante qui aurait dit le contraire. Bon, faisons la différence et n’allons pas conclure que nos révolutionnaires en peau de lapin soient à comparer avec les figures évoquées, n’empêche, les idéologues sont ainsi : séducteurs et cultivés en diable, mais que le réel refuse de se plier à ce qu’ils en attendent et les voilà qui cassent la vaisselle, l’histoire regorge de ces contrariétés politiques qui finissent dans le sang. Heureusement nous en sommes à la cour de récréation où un jeune « ambitieux » qui ne se mouche pas sur sa manche fait la leçon à ses professeurs et admoneste comme un vieux général surpris par la chienlit. C’est la France ! vous diront les pessimistes ou les blazés, il en est tant passé sous les ponts de Paris : pont Mirabeau ou Pont au Zouave. La Seine coule paisible avec ses bateaux-mouches et parfois ses cadavres, mais elle coule, elle passe et nous avec. Restent les livres que les bouquinistes vendent sur ses quais et dont certains voudraient qu’on les classe au patrimoine de l’UNESCO. En voilà une bonne idée ; que les livres soient comme les vielles pierres, bons à classer au rayon de l’oubli, c’est encore un signe des temps, il est vrai que des lecteurs, ma foi, il y en a de moins en moins. On avance désormais dans la vie, un casque aux oreilles si on est adolescent, un smartphone à la main en même temps ou ensuite. Quel besoin a-t-on des livres. Cependant, ils servent parfois à ne pas oublier comment dégénèrent des disputes de cour de récréation.

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