En cette fin de Juillet où le tour de France va atteindre les Champs Élysées et signer la grande trêve estivale, l’affaire du fameux Benalla continue de défrayer la chronique. Benalla Alexandre, lampiste à l’Élysée, occupe les média et la classe politique depuis plus de quinze jours déjà.
Mais enfin, ce personnage qui vient de s’exprimer à la télévision et dans le journal « le Monde », – un journal par parenthèse qui est devenu un fameux relais de scandales, – ce personnage donc, n’apparaît pas comme ce que les média en disent en nous rebattant les oreilles des exactions commises par « ce voyou promu », « ce nervi aux ordres », ce « mignon » (qui sait ?) bref toutes les insanités qui peuvent se proférer à l’abri de la bonne conscience car comme on sait, il faut toujours être du bon côté de l’indignation. On le voit, on l’écoute, on le lit et on a du mal à reconnaître l’homme décrit par les medias. Pour un faux-pas, on lui fait porter une bien lourde charge. Mais, a-t-on vraiment affaire à une « affaire d’État » ou bien a-t-on fabriqué une « affaire d’État » de toutes pièces ? Certains le pensent, et considèrent que ce fait divers n’est pas autre chose qu’une tempête dans un verre d’eau. Mais comme le papillon dont le coup d’aile à distance déclenche des cataclysmes, les effets du comportement de cet homme, joints à l’habileté de politiciens expérimentés et la célérité des medias à fournir un aliment quotidien en matière de scandale aux Français qui en redemandent, fait le reste. On a dit souvent que l’Empire Romain déclinant se complaisait dans les fêtes et les jeux du cirque. A-t-on bien observé que ces jeux du cirque avec le peuple qui réclame du sang sont aujourd’hui offerts pour rien sur les écrans des télévisions et des mobiles. Joli nom que celui de mobile, comme si l’objet appelait le contenu qui s’y reflète. Quels sont les mobiles des mobiles ? Le scandale, les Fake News comme on dit, l’infection virale par contamination des images à la vitesse électronique. Et le jugement réfléchi dans tout ça, me direz-vous ? Allons, nous laisserons ça aux historiens! Pour l’heure, jouissons des scandales provoqués par de ce « coup de sang » qui a propulsé le nommé Benalla à la une des medias. Y a-t-il scandale ? Sans doute dans la façon dont ce personnage a usé du pouvoir que lui donnait sa fonction et il y a scandale peut-être aussi dans la rapidité avec laquelle il a été promu à ces fonctions. Que tout cela ait un peu tourné la tête d’un garçon de 25 ans, n’en fait pas pour autant un scandale « d’État » quoi qu’on dise. L’emballement politique de son côté n’est pas mû non plus par un pur réflexe d’indignation morale. À voir les postures, les effets d’estrade ou de plateau, les proclamations de vertu républicaine de certains, on se frotte les yeux. On a vu et on verra encore ce qu’il en est réellement et beaucoup de ceux-là feraient bien de se passer la main sur la figure pour ôter le masque de la vertu qu’ils y ont indûment posé. En réalité, ces politiciens aguerris ont joué et gagné une belle partie de jeu d’échec politique dont certains espéraient même obtenir le mat en faisant tomber le roi. Le coup ne passa pas loin. Une commission d’enquête et bientôt deux qui se transforment illico en tribunal, des anathèmes et des condamnations distribués à tout va, un relais démocratique dans la communication de masse avec des images à charge, il n’en fallait pas davantage pour dérouter l’opinion et la faire verser dans la condamnation républicaine. Puis, le résultat obtenu, certains tournent déjà les talons en criant au scandale démocratique. De fait, la morgue du jeune Président auquel tout réussissait jusque-là, y compris le sacre d’une équipe de football, fut mouchée de belle manière. Son grand plan de révision constitutionnelle jeté aux orties dont il ne ressortira pas sans piqures, s’il en ressort jamais, une baisse avérée de quelques points qui se mesure déjà dans les sondages et une motion de censure déposée par les oppositions vient conclure la séquence comme un pot de départ avant de partir en vacances. Voilà qui doit donner le sentiment à beaucoup qu’ils ont bien travaillé, se sont bien vengés pour certains, et peut-être esquissé une unité politique improbable jusqu’ici pour une opposition tétanisée par l’échec de leur élection perdue. Mais que pense le citoyen de ce cirque ? Celui qui prend ici la plume songe qu’au carnaval des vertus républicaines, il y a de nombreux porteurs de masque mais qu’à la fin ce sont toujours les paillasses qu’on brûle.