NETFLIX , UNE MENACE POUR LE CINÉMA FRANÇAIS.

Voulez-vous savoir comment le loup est entré dans la bergerie du cinéma français et s ‘apprête a manger les brebis ? Voici l’histoire : il y a bientôt un siècle, le cinéma, cette « invention française » due aux Frères Lumière avait donné naissance, par pur hasard il faut le dire, à un art forain qui allait devenir une industrie selon les mots de Malraux. Celle-ci serait assez vite contrôlée par les grands studios Américains surtout après la deuxième guerre mondiale, où contre la remise de dettes de guerre, la France avait abandonné à l’Amérique l’exclusivité de son exploitation cinéma cinématographique sur le sol national (accords Blum/Byrnes de 1946)

Malgré tout, et depuis longtemps, la France défend ce qu’elle appelle : son « exception culturelle » au nom de laquelle elle a pu maintenir une industrie cinématographique indépendante du rouleau compresseur américain des studios d’Hollywood. Ce dispositif français s’appuie sur un principe simple : tout film exploité en France, qu’il soit français ou étranger donne lieu à la perception d’une taxe sur le prix du billet (de l’ordre de 7,5%). Celle-ci permet de constituer un Fond de soutien à cette activité que l’État abonde en tant que de besoin. Ce fond finance ensuite la production des films, leur distribution et leur exploitation, dans des salles de cinéma, elles aussi aidées à se moderniser. C’est grâce à ce dispositif longtemps combattu par les Etats-Unis dans toutes les instances de régulation du commerce international au nom de la libre concurrence, que la France a pu garder son rang de troisième producteur de cinéma mondial. Sur le plan intérieur, la règle était jusqu’à présent d’avoir à respecter la « chronologie des médias », ce qui revient à dire qu’un film produit avec des capitaux indépendants des aides publiques parfois et le concours de chaînes de télévision souvent, devait d’abord être exploité en salle avant de l’être sous forme dérivée, via des cassettes vidéo ou diffusées sur les chaînes de télévision. Ce système a tenu jusqu’à nos jours et à protégé notre industrie. Jusqu’à Netflix… Voilà donc la nouvelle venue des GAFA qui risque d’avoir la peau du cinéma français et peut-être du cinéma en salle tout court, nous verrons. Le système est simple, il s’agit de proposer sur une chaîne à péage, des soirées alléchantes sur le standard américain des feuilletons Newlook qui ont désormais la faveur des lecteurs de tablettes, de smartphones ou de télévision. C’est là le meilleur moyen de fidéliser un public que de lui vendre pour le prix d’ une place de cinéma, un abonnement mensuel au long cours. Tant que les choses en restaient là, ce n’était pas trop grave, mais l’affaire se complique dès lors que Netflix intervient dans la fabrication des films eux-mêmes en allant sur le terrain de la production au lieu d’acheter des films déjà produits et tournés (comme c’était la règle en France où Canal + par exemple, reste un financeur important du cinéma). Dès lors la chaîne devient la concurrente directe du cinéma et avec des moyens colossaux passe commande aux meilleurs réalisateurs, ce qui lui permet au passage de glaner quelques récompenses enviées dans les festivals du monde du cinéma pour asseoir sa notoriété aujourd’hui, sa domination demain et son monopole en fin de compte comme ses devancières, les GAFA. Ce faisant, elle contourne la chronologie des médias et ne verse plus son éco à son économie. Pourquoi les chaines françaises ne feraient-elles pas de même demain ? Dès lors, la salle de cinéma, maillon essentiel de La diffusion du cinéma se trouvera asséchée et à terme privée des meilleurs films. Le réseau Netflix, compte dans le monde de 162 millions d’abonnés à ce jour, la fréquentation du cinéma en France en 2018 a été de 200,5 millions de spectateurs dont la moitié pour les films américains. La conséquence en est que l’offre cinématographique en salle va se réduire et les exclusivités de sortie seront réservées aux chaines à péage. Que les français ne voient pas qu’ils mettent la corde au cou de leur cinéma, chaque fois qu’ils souscrivent un abonnement de confort est navrant. Pourtant ce seront les mêmes, ceux qui se réjouissent aujourd’hui de profiter commodément de l’offre américaine, qui déploreront demain la fermeture des salles de cinéma dont ils diront quelles étaient des lieux de convivialité comme ils le disaient des cafés, des librairies de quartier, des magasins de disques, hélas disparus aujourd’hui et qui pleureront en cœur « la dernière séance » laquelle, deviendra évidemment, une émission de télévision sur Netflix ou ailleurs ! Qui a dit que lorsqu’un pays ne produit plus les images sa propre culture, il est condamné à avaler la culture des autres ? En ces temps chatouilleux au chapitre national on ferait bien d’y songer.

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