HOMMES/FEMMES, ÉGAUX OU RIVAUX?

Il a fallu qu’éclate une affaire américaine, celle d’un producteur exerçant le droit de cuissage pour que se libère une parole qui sidère : un nombre considérable de femmes en effet se plaignent d’avoir été violées. Encore que le terme soit extensif, la chose est si répugnante qu’elle suscite l’indignation non des femmes seules, mais de tous et la pénalisation des comportements de harcèlement est des plus justifiées.

Cela dit, qui ne voit que la limite sur ce point est délicate à tracer, non pas aux deux bouts de la muflerie et de la provocation, mais au milieu, là où se joue le rapport homme/femme fait de galanterie et de séduction réciproque qui était jusque-là, en tout cas en France, le code de la relation amoureuse. On pensait hier que l’homme et la femme étaient faits pour s’unir comme les deux moitiés d’orange, les choses, admettons-le sont devenues plus complexes. La revendication (légitime) d’égalité par son insistant excès n’est-elle pas en train de transformer des égaux en rivaux partout ? À la base, il y a donc cette revendication légitime d’égalité en tout. Les femmes réclament leur juste place dans la société à l’égal de l’homme et à proportion de leur nombre, arguant par ailleurs que si le sexe différencie et conditionne, le genre définit l’identité des individus tout en ouvrant cette alternative aux situations intermédiaires qu’on appelle parfois le troisième genre. La théorie du genre, c’est ce que les Abécédaires de l’égalité ont un temps enseigné aux enfants dans les écoles. Le rejet du déterminisme biologique ouvre ainsi un champ nouveau à la revendication du semblable. La question de l’égalité en tout vient lisser toutes les différences et unifier les comportements. Dès lors qu’il faut des droits égaux, il faut commencer par élire ou nommer des femmes à tous les postes possibles où régnaient jusque-là des hommes puisqu’on constate une inégalité quant au nombre de ceux qui les occupent. On y vient petit à petit non sans laisser de côté la question du mérite qui devient secondaire. Et tant qu’on y est, il faut féminiser tous les noms de métiers. On se souvient de ce député qui refusant d’appeler une Ministre : Madame la Ministre, fut sanctionné par l’Assemblée nationale lors du précédent quinquennat. L’usuel et grammatical usage fut condamné au nom du politiquement correct au grand dam de l’Académie. Que le masculin orthographique s’impose au féminin est devenu intolérable à certaines. On en vient maintenant à l’orthographe inclusive qui voudrait que l’on fasse suivre les mots de leur désinence féminine à côté de la masculine, par exemple, il faudrait écrire : cette dame fait partie des député.e.s, les plus combattif.ve.s de l’Assemblée nationale. On imagine le ridicule et la difficulté à enseigner aux enfants une telle orthographe, le Trissotin de Molière reprend du service ! Pourtant, rien n’y fait. À l’imitation des campus américains et en miroir de la société américaine que nous singeons de plus en plus, on va en venir à expurger nos grands textes de littérature pour motif de sexisme. Cette mise à l’index des œuvres du passé sous ce motif comme sous celui du racisme ou du colonialisme ou de l’antisémitisme déplacent les problèmes réels sur le plan de la langue et de la culture d’une manière où ils n’ont rien à faire sous cette forme. Mais revenons à la question et à ce qui en découle. Avec tant d’interdits, où placer la barre ? Comment un homme oserait-il désormais, une plaisanterie maladroite, une galanterie, sans se voir cloué au pilori des intentions qu’il n’aurait pas ? Tout se passe comme si le continent homme/femme se séparait chaque jour davantage alors que les deux sexes se ressemblent pourtant de plus en plus dans leurs vêtements et leurs comportements, l’homme étant invité à laisser s’exprimer sa part féminine à proportion de la montée des comportements masculins chez les femmes. Difficile de s’y retrouver. Je me demandais ces derniers temps pourquoi les (jeunes) hommes se laissaient tous pousser une légère barbe sur les joues. J’ai trouvé l’explication : c’est parce que, la pilosité faciale est cette différence biologique qui les désigne encore comme des mâles car, on conviendra aisément, la femme à barbe n’a pas bonne réputation.

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