BIENNALE D’ART DE VENISE 2017: STIMULANT ARSENAL

[((/public/cesar/.muresan_t.jpg|muresan.jpg|R|muresan.jpg, juin 2017))|/public/cesar/muresan.jpg||muresan.jpg][((/public/.Shimabuku_t.jpg|Shimabuku.JPG|L|Shimabuku.JPG, juin 2017))|/public/Shimabuku.JPG||Shimabuku.JPG]L’Arsenal, souvent le meilleur y côtoie le pire, cette fois la surprise est plutôt bonne, la commissaire Christine Macel a opté pour une thématique qui s’articule en 9 séquences : Espace commun, Pavillon de la terre, Pavillon des traditions, Pavillon des Shamans Pavillon Dionysien, Pavillon des couleurs et Pavillon du temps et de l’infini. Projet ambitieux, en, partie réussi, notamment parce qu’on y rencontre de vraies œuvres et des itinéraires artistiques et non des œuvres de circonstance. On dira ce qu’on voudra, mais les meilleures éditions de la Biennale sont celles qui témoignent d’un parti-pris.

C.Macel est un peu jeune malgré tout pour assumer complètement ses choix et elle donne ses clefs dans un livre vendu en librairie, : « le temps de l’œuvre, le temps à l’œuvre », mais elle s’engage et c’est bien ainsi. On aura compris le sens de l’exposition et la place nous manquera pour en rendre compte, recentrons-nous sur les œuvres qui nous ont paru les plus remarquables dans l’ordre des pavillons ; Martia Lai, une italienne morte en 2013 dont on montre les livres où les mots semblent cousus par des fils, d’autres, rouillés d’ancienneté semblent abandonnés depuis longtemps. Ce thème du livre va courir du reste durant toute cette exposition, j’ignore si on le doit à C.Macel, mais j’observe de plus en plus que le livre est devenu une icône de l’art, quelque chose qui est désormais considéré dans sa matérialité d’objet culturel indépendamment de son contenu. On retrouvera cette préoccupation chez l’américaine Michèle Stuart, et d’autres artistes encore. Peut-être sommes-nous en train de tourner le dos à la civilisation du livre et les artistes traduisent ce moment avec sensibilité et talent. On sera aussi attentifs au travail du japonais Shimabuku qui met en relation l’échange des silex taillés au néolithique et celui des smartphones sous le titre : « Oldest and Newest Yools of Human Beings » ou encore à ce Macbook portable doté d’un manche pour figurer une hache. C’est ensuite le travail de Michel Blazy qui retient notre attention, cette fois il dresse un éventaire de chaussures de sport comme en ont les vitrines aujourd’hui, mais il pousse des légumes ou des plantes dans ces chaussures exposées une de fois de plus à la péremption du temps. L’Albanais Anri Sala, propose un rouleau à papier peint imprimé de caractères qui ressemblent à des idéogrammes et déroulent ainsi une sorte d’écriture neutre où se mélangent les cultures. On s’intéressera aussi à la proposition musicale de Kader Attia, filmant une chanteuse arabe (Oum Kalsom) dont les « yoddle » font vibrer des tambourins couverts de sable qui s’animent soudain de tourbillons expressifs. Et puis on craquera devant le bonheur coloré des immenses pelotes de laine de couleur que Sheila Hicks déroule en avalanche sur plusieurs mètres du sol au plafond avec ici et là, ces tentures pourpres qui sont comme un pendant heureux aux tissus que l’artiste du Kosovo Petrit Halilaj a lui aussi accrochés au plafond dans une tout autre intention. Et puis on gardera une dernière image qui est celle de cet étonnant panorama en papier imprimé de 1804 dû à J.Dufour lequel retrace : « la vie des sauvages de la mer du pacifique » sur laquelle sont incrustées des images vidéos bien réelles sur un mur déroulant de 25m de long. Avec cette proposition, la Nouvelle Zélande tient haut son pavillon. Et voilà comment cette visite à l’Arsenal donne toute sa mesure à une Biennale qui nous avait semblée au premier abord un peu triste et qui présente d’autres artistes remarquables en sus de ceux que nous avons cités.

Partager

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *