Christa LUDWIG

L’une des plus grandes voix du XXe siècle vient de s’éteindre. La mezzo-soprano allemande Christa Ludwig est morte samedi 24 avril à l’âge de 93 ans.

Christa Ludwig en 1980

Faut-il présenter la célèbre mezzo-soprano Christa Ludwig, rappeler ses débuts à l’Opéra de vienne avec Karl Boëhm, son rôle de « Chérubin » dans « Les Noces de Figaro », de « Kundry » dans « Parsifal » à Bayreuth, « d’Ottavia » dans le couronnement de Poppée, de « la Maréchale » dans « le Chevalier à la rose » ou de « Carmen ». Non, sans doute.

Or en cette année 1980, elle a cinquante ans, sa carrière est faite, c’est une star de l’opéra mais elle chante aussi des « Lieder » avec ce naturel de l’expression et cette simplicité dans la ligne de chant qui en font une très grande artiste.

Comment ai-je eu l’audace de l’inviter pour un programme de lieder de Schubert, de Brahms, Mahler et Strauss au Parvis à Tarbes ? L’inconscience sans doute et l’opportunité d’un agent qui « avait  la tournée » dans son agenda. Je n’étais alors ni certain de l’acoustique de la salle, ni de la qualité du piano, mais c’était un piano de concert loué pour l’occasion et par chance il était bon.

Lorsque je l’ai vue arriver dans sa loge par l’entrée des artistes, la tête enfouie dans un manteau de renard blanc, j’ai surpris son regard effaré qui disait : « mais que suis-je venue faire ici ? » Tout devait la désorienter, un centre commercial perdu dans les champs, la nuit qui tombait, une ville inconnue, un théâtre dans un supermarché ! Elle était blanche comme son renard. Son agent l’accompagnait et tout le monde s’efforça de lui apporter le réconfort et de la rassurer. Je n’osai aller la saluer, j’avais compris la scène d’un coup d’œil. Mais c’était une grande professionnelle et elle chanta sublimement de cette voix d’ombre et de mystère qui fait son charme. Elle avait choisi un programme romantique qui allait bien à sa voix. Le public était très attentif quoique peu nombreux, ce fut une soirée « intime ». Au vrai, un malentendu. Elle termina son tour de chant sans rappel je me souviens, poliment, comme il se doit. Elle me salua de même, me gratifia même d’un sourire ; elle avait assuré en grande professionnelle.

Le lendemain elle chantait dans « les Troyens » de Berlioz au Palais Garnier et elle devait raconter en riant entre deux coupes de champagne sa mésaventure tarbaise. Moi, cela me servit de leçon, l’opéra désormais, j’irais l’écouter dans les maisons d’opéra et pour les récitals, on verrait plus tard. 

On a vu en vérité, mais le Parvis  entre temps avait grandi et il savait désormais accueillir les grands artistes de la scène comme il se doit et pour l’international, l’opéra devint peu à peu accessible via les retransmissions télévisées sur grand écran avec un confort acoustique remarquable.

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