Plus vraiment le cœur à taper sur mon écran les pensées du jour. Je trouve encore la force de donner ici où là quelques articles ou de faire des conférences pour lesquels je me suis engagé, mais au vrai, cette fin d’année dernière avec les attentats, m’a tétanisé.
Je ne crois pas manquer de lucidité, mais il y a une chose que je n’avais pas vue, pas comprise, bien que les signes en fussent depuis longtemps perceptibles, c’est la haine que nous autres Français suscitons auprès de gens qui sont parfois nos compatriotes quoique issus bien souvent de l’étranger ou plus particulièrement des anciennes colonies. J’avoue avoir bien du mal à rentrer dans cette conception des choses mais je pense depuis bien longtemps, que la posture politique de la repentance et le discours moralisateur qui va avec, relève de l’autointoxication et engendre la mélancolie civique, bien plus, elle génère chez nos enfants une déprime morale qui peut aller jusqu’à la haine de soi. Il faudra bien un jour savoir faire la distinction entre les crimes qui ont été commis au nom de la colonisation de ses intérêts réels ou crapuleux et l’œuvre de transmission du savoir, de la santé, du développement qui s’est accomplie « volens nolens » partout où l’occident (car c’est de lui qu’il s’agit en non de la France uniquement) a déployé sa volonté de « faire monde » à partir de ses propres valeurs. Cela relève de l’Histoire et non du confessionnal et si culpabilité il y a, celle-ci ne peut être individuelle, ni même générationnelle. Nous sommes devenus trop sensibles à la psyché des individus et avons perdu de vue le tragique de l’histoire que nous ne savons plus comprendre. A mettre la morale partout on se prive d’une réflexion politique. Et que dire de ces gens qui fuyant leur pays appauvri après la décolonisation venus trouver chez nous soutien social, logement et travail et dont les enfants ou petits enfants portent aujourd’hui les armes contre ceux qui leur ont donné hospitalité ! Que ce n’est pas le cas de tous, heureusement, mais que ce le soit de quelques-uns est proprement démoralisant. Car on peut tout comprendre, les difficultés économiques, la misère, le déclassement, le sentiment d’injustice ou d’inégalité, mais pas la guerre civile dans un pays qui dispense plus de 57% de la richesse nationale en prestations sociales à tous, y compris à ceux qui n’y ont aucun droit. Nous avons perdu tout sens des valeurs et la responsabilité des politiques qui accréditent sans fin la culpabilité de la France pour des calculs à court terme est elle-même irresponsable. Malraux, encore lui, dans l’un de ses derniers livres disait : la France a été l’âme de la civilisation européenne et de la chrétienté…sans doute ajoutait-il, assistons-nous à la fin de l’Europe, car pourquoi, alors qu’elle agonise partout, la démocratie parlementaire créerait-elle l‘Europe, une fédération sans fédérateur. Et ajoutons une fédération qui a renoncé à assumer ses racines et ses valeurs sinon en se projetant dans une sorte de nébuleuse d’intérêts garantis par le « droit-de-l’hommisme » en tant que religion séculière. Et voilà maintenant que l’on s’entretue pour des questions de religion, comme il y a cinq siècles. Ça ne finira donc jamais ! Partout où s’installe l’Islam, la purification religieuse (et donc ethnique) est à l’œuvre, les Chrétiens d’orient sont massacrés ou déportés, ces États dès qu’ils le peuvent, remplacent le droit international par le droit coutumier et dans notre pays même, comme ailleurs en Europe, veulent imposer leur conception du monde et leur religion par terroristes interposés. C’est ainsi que nous sommes affrontés à la question civile de la présence des lieux de culte nécessaires à l’accueil de leurs croyants comme à une question urgente et essentielle. L’unité civique se fragmente et alors que le christianisme ne désigne plus qu’un repère panoramique de clochers dans le paysage, un recteur de mosquée patelin peut proposer sans soulever plus d’indignation que ça de transformer les églises négligées par leurs fidèles, en mosquées, pas davantage d’indignation non plus lorsque le turc Erdogan, notre allié et candidat à l’entrée en Europe, proposa de transformer Ste Sophie de musée en mosquée le jour anniversaire de la chute de Constantinople où il a choisi ostensiblement d’aller y prier. Les tenants de la laïcité qui dans notre pays ont le plus violemment jeté à bas le christianisme ne s’en formalisent pas plus que ça. Nous vivons un ébranlement social sans précédent et l’attaque de nos modes de vie comme de nos comportements culturels ou religieux ne fait que commencer. La conclusion optimiste est que la France en a vu d’autres et restera la France généreuse, démocratique et ambitieuse pour le monde, la version pessimiste est que notre système politique et économique est à réformer de fond en comble, notre système de valeurs à reformuler si nous ne voulons pas finir comme les idiots utiles de la mondialisation multiculturelle. Et voilà pourquoi, je n’ai pas le moral !