SUJETS DE BAC À PAU.

Ce sont quatre mots qui interpellent depuis quelque temps déjà sur les affiches de notre cité. On a beau passer vite, lire, oublier, relire, on finit par les retenir : « En quoi croire encore » ?

Diable se dira le voyageur de passage, voilà une cité bien érudite et des édiles assez confiants en la puissance méditative de leurs habitants pour les interroger de la sorte ? Il est vrai que la rue ces derniers temps paraissait moins occupée par la tentation métaphysique que par l’action concrète, immédiate et colorée. Mais il s’agit d’un entracte sans doute.

Allons, ne faisons pas semblant de ne pas avoir remarqué que c’est là l’objet du colloque annuel des : « Idées mènent le monde » . Quel est le sens de cette question ? Quelle est son actualité surtout, son urgence peut-être puisqu’elle a le mérite de faire converger vers la cité paloise nombre de grands esprits que la rumeur tient pour essentiels à la compréhension des choses de notre temps.

Difficile de hausser les épaules et de passer son chemin sans y réfléchir un peu. La formule est forte, elle pose que la croyance est un état qui existe, qui a existé, qui assurément existe encore, c’est là toute l’affaire. Mais le mot qui compte bien sûr, c’est : encore ?

Cet « encore » est une deuxième question qui relaie la première, car si la croyance peut-être tenue pour le premier état de l’homme c’est qu’il bien obligé de croire ce qu’il constate : qu’il existe, que le monde est là et qu’il lui faut faire société avec les autres et même avec Dieu qui est évidemment le premier objet de toute croyance. Dieu ou les dieux ? Ce n’est pas la seule question ; on sait bien que le premier état de l’humanité comme telle fut un état religieux dès lors que l’homme connut qu’il était mortel et se posa la question de « l’après-vie », bien qu’il y ait dit le poète : « ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas » !

Cependant, nous savons aussi, nous modernes ou post-modernes comme on veut, que la modernité justement commence avec le doute qui est le contraire de la croyance. On sait cela depuis Descartes au moins qui révoqua le monde en doute, méthodique d’abord puis hyperbolique pour passer de la croyance à une certitude : « je peux douter de tout, sauf du fait que je doute et si je doute, c’est parce que je pense» d’où il découle que je suis un sujet pensant et que j’existe comme tel. L’homme moderne était né qui fondait son être et son existence non plus sur la croyance mais sur la déduction rationnelle. On a appris ça à l’école. Mais on sait aussi que nos sociétés laïques n’ont pas eu de plus pressant souci que de séparer sinon d’écarter la religion du gouvernement des États, afin de faire en sorte que ces derniers soient gouvernés par la volonté générale s’appuyant sur la raison et non sur la croyance. Mais les choseS ne sont jamais simples et tous les pays ne raisonnent pas pareil, il en est même qui écrivent sur leurs billets de banque : « In God We Thrust », c’est dire. La croyance reste donc au cœur de nos interrogations contemporaines.

En décliner les modes et les façons, appliquer ce questionnement à tout permet de balayer large et traiter l’essentiel par le général en laissant la place aux conclusions métaphysiques. Idéal pour un colloque.

C’est là que F.Bayrou montre qu’il est bien resté un professeur puisque depuis le début, il ne cesse de donner des titres à ses rencontres qui ont la forme de sujets du Bac. En quoi son passage au Ministère de l’Éducation nationale n’aura pas été un accident mais le lieu adapté à l’affirmation d’une vocation sinon au souhait qu’en effet, les idées mènent le monde. Il ne dira pas où et nous pas davantage d’ailleurs !

Alors mesdames et messieurs : « au travail » Vous avez deux jours pour rendre vos copies, vous trouverez les notes et commentaires sur Internet  comme d’habitude.

 

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