MORAL OU PÉNAL

Un fait divers récent, comme il y en tant d’autres m’a plongé dans une grande perplexité. ces jours derniers.

 Que se passe-t-il donc chez nous depuis plusieurs années maintenant ? Rien de bien nouveau me direz-vous, rien d’autre que ces incivilités, ces meurtres, ces agressions, cette violence qui sévit partout, alimente les réseaux sociaux, la colonne des faits divers des medias et qui s’est installée dans notre quotidien à bas bruit provoquant notre désolation notre impuissance et notre colère ?

Ne voit-on pas des jeunes se battre à mort, se battre pour tuer l’autre et qui parfois y parviennent. Des jeunes assassins au couteau , au marteau, au pistolet ou à la kalachnikov qui souvent n’ont même pas quinze ans. On dit qu’ils appartiennent à des bandes, mais des bandes il y en a eu toujours, des coups, des gnons et des querelles, il y en a eu souvent sur les terrains de sport, qui en un sens sont fait pour ça aussi, canaliser la violence par des enjeux ramenés au « fair-play », le rugby de nos anciens par exemple ! On se cogne mais on se serre la main à la fin. Éducation anglaise, mime des rapports sociaux et internationaux. Il faut bien que la culture des nations arrive à canaliser la haine naturelle des peuples. L’Histoire nous l’enseigne (la poignée de main entre De Gaulle et Adenauer ou celle de Mitterrand et Kohl ) devant des mémoriaux aux millions de morts des guerres nationalistes sont dans toutes les mémoires.

On a l’impression aujourd’hui, qu’il n’y a plus de ces exutoires, que le sport ne suffit plus, que les mélanges ethniques n’absorbent plus les haines ordinaires mais les projettent clan contre clan, groupe d’appartenance contre groupe d’appartenance, le quartier, le lycée, les noirs contre les blancs, ou les arabes, ou les étrangers, ou les ceci, ou les cela. Dernièrement sur la dalle de Beaugrenelle à Paris, une rixe dont nous ne savons rien sauf qu’un tout jeune homme s’est fait massacrer et a risqué la mort, pour rien ou pour pas grand chose, sans doute.

Vous me direz, c’est le monde d’aujourd’hui, les jeunes sont des adultes en puissance, ils n’ont peut-être pas encore le recul de la vie qui fait qu’on la respecte quand on commence à la connaître et qu’on a mûri. Est-ce ainsi la raison pour laquelle c’étaient toujours des jeunes qu’on envoyait les premiers se faire trouer la peau dans les guerres ? Jeunes conscrits pleins de fougue et de jeunesse avant le temps de la réflexion que donne la création d’une famille un emploi et des responsabilités !

Les délinquants seront punis dit la voix publique. On sait qu’il n’en est rien, que la plupart sont arrêtés, puis relâchés, souvent plusieurs fois avant d’être condamnés, s’ils le sont, et même dans ce cas s’ouvre la voie d’une délinquance plus grande après le passage dans la case prison.

Faut-il donc s’y faire ? La loi pénale existe certes, mais elle ne fait plus peur à personne, et en tout cas ne dissuade guère. La  police n’impressionne plus, loi clanique l’a remplacée.

Alors qu’est-ce qui a disparu dans notre société ?

Ne serait-ce pas la loi morale ?

Et qui l’enseigne ou peut encore l’enseigner ? 

La famille en premier lieu quand elle est assez structurée pour en tenir l’exemple et la rectitude, quand elle peut suivre l’enfant, l’adolescent jusqu’à l’âge d’homme. On sait bien que dans de nombreux cas, elle est défaillante pour toutes sortes de raisons dont la première est celle des familles monoparentales (pas toutes heureusement), désunies ou disparues laissant des mineurs, quelle que soit leur provenance, isolés, et redevenus sauvages comme de petits animaux abandonnés dans la forêt des contes. Qui peut enseigner les principes moraux élémentaires qui font qu’un homme est digne d’être un homme dans le respect de l’humanité dans l’autre ? Cette cellule initiale est la première qui a cédé et s’est corrompue.

L’école alors ? Mais elle est bien impuissante depuis qu’on a ouvert ses portes aux parents qui viennent y contester les enseignants. On voit aussi à quelles difficultés se heurte l’éducation civique, alors, imaginez la morale !

La religion elle-même, cantonnée à la frontière de l’état civil ne peut plus grand chose. Qui apprend encore le décalogue et le « tu ne tueras point » ? Qui a appris à agir dans le respect et la crainte de Dieu ? Les églises se sont vidées peu à peu de la foule des fidèles. Et ne voit-on pas même invoqué ici ou là, un dieu vengeur des mécréants ? 

Dans quel imbroglio moral sommes-nous entrés et les jeunes les premiers ?`

Quelle société avons-nous bâtie ? La paix si chèrement payée par nos anciens est-elle devenue tellement insupportable que nous piétinons d’impatience à nous battre ? 

Faut-il une nouvelle guerre comme purge collective pour en revenir à des mœurs apaisées, des enfants éduqués, une morale acceptée et comprise comme le meilleur moyen de vivre ensemble ?

 La loi est faible et la morale absente, tel est le constat. Il y a des jours où ces sombres pensées me traversent, tant ce que je vois, ou apprends, me désole.

Partager

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *