A MON TOUR, JE ME SOUVIENS

Je me souviens qu’en 1978 avait paru un livre de Georges Perec dont le titre était: « Je me souviens » qui égrenait ainsi 480 micro souvenirs, il m’en faudra moins pour faire une chronique.

Je me souviens qu’en ce début d’année 2020 j’étais à la campagne et je contemplais les champs inondés par des rivières en crue. J’avais même ramassé les derniers épis de maïs dans un champ et les avais posés sur une pierre pour les oiseaux.

Je me souviens avoir cueilli du Gui sur la branche d’un arbre qui n’était pas trop haute en me disant: ça porte bonheur.

Je me souviens qu’on ne parlait déjà que des gilets jaunes et que les réseaux sociaux ressemblaient à des rivières en crue, jaunes elles aussi.

Je me souviens de la rocambolesque évasion de Carlos Goshn du Japon.

Je me souviens qu’au même moment, l’Australie brûlait dans un gigantesque incendie qu’on ne parvenait pas à éteindre.

Je me souviens de ce Premier Ministre de la France, stressé au point que sa barbe en blanchissait d’un côté, son corps lui signalait qu’il était temps de partir.

Je me souviens des Gilets jaunes campant sur les ronds-points et de quelqu’un qui affirmait : « les Français ne consentiront plus à rien de collectif, sauf la révolution peut-être ».

Je me souviens des « Hourrah » de « BoJo » le clone de Trump à la tignasse jaune, annonçant que le Brexit allait inaugurer une ère nouvelle pour la Grande Bretagne.

Je me souviens qu’on parla du Coronavirus dès janvier en Chine et que nous haussions les épaules devant l’image de ce rond rouge hérissé de clous qu’on nous montrait.

Je me souviens qu’on disait que la France avait le meilleur système de santé du monde.

Je me souviens que le toujours jeune Marcel Amont reçu à l’Académie chanta en béarnais au Parlement de Navarre.

Je me souviens avoir lu cette phrase quelque part dans un livre : « le passé nous construit, l’avenir nous défait » et d’être resté pensif un bon moment.

Je me souviens que le jeune Benjamin Griveaux démissionna de sa candidature à la mairie de Paris pour une histoire grivoise.

Je me souviens de la cérémonie des Césars du cinéma et de la bronca féministe contre Polanski et son film.

Je me souviens de l’arrivée sournoise et progressive du virus en France et en Béarn.

Je me souviens du moment où j’ai dû commencer à annuler mes déplacements au théâtre ou au concert et renoncer à voir des spectacles.

Je me souviens de l’apparition du mot confinement dans le vocabulaire courant et d’un ami qui m’a dit: au moins voilà un cas où l’on ne sera pas obligé d’utiliser un mot anglais,  c’est le même.

Je me souviens du Président Macron disant : « quel qu’en soit le prix » et de l’une de ses ministres disant : « les masques ne servent à rien ».

Je me souviens des drôles d’élections municipales avec un minimum de votants.

Je me souviens de ce début de mois de mars où l’on annonça 1000 contaminés par jour et où cela ne nous fit ni chaud ni froid.

Je me souviens du ballet des blouses blanches à la télé et du professeur Raoult avec ses longs cheveux jaunes et cette barbe qu’il tripotait tout le temps en parlant.

Je me souviens du mot « chloroquine ».

Je me souviens du jour où l’on a fermé les théâtres.

Je me souviens des morts en Italie où les gens chantaient « Va pensiero » du haut de leurs balcons.

Je me souviens de l’apparition des premières pivoines arbustives dans mon jardin.

Je me souviens des premiers atteints par l’épidémie parmi mes proches et des amours furieux des pigeons ramiers dans les arbres.

Je me souviens d’avoir acheté une machine à faire le pain.

Je me souviens du moment où l’on se mit à comptabiliser les morts tous les soirs à la télé.

Je me souviens que le jour de Pâques, il faisait un soleil splendide dehors et que nous étions dedans.

Je me souviens du jour où l’on a dit qu’on allait rouvrir les librairies.

Je me souviens avoir été ému comme jamais par la beauté des roses de mon jardin.

Je me souviens de la mort de Guy Bedos.

Je me souviens qu’on disait : « un fauteuil sur trois » en espérant la réouverture des salles de spectacle.

Je me souviens de ce moment où certains voulurent déboulonner la statue de Colbert devant l’Assemblée nationale.

Je me souviens du Président disant, « la République n’effacera aucune trace de son histoire ».

Je me souviens avoir lu cette phrase : « j’appartiens à un peuple disparu : les paysans »

Je me souviens avoir passé mon été sur la Côte Basque au milieu des parisiens en vacances.

Je me souviens de mon dernier repas pris au restaurant.

Je me souviens avoir appris que le mot pinceau vient du latin « penicillium »qui veut dire : petit pénis.

Je me souviens du moment où le président Turc a reconverti Sainte Sophie de Constantinople en mosquée et qu’il a déclaré qu’il effacerait la trace du christianisme en terre Ottomane.

Je me souviens du moment où l’on nomma une ancienne ministre de la santé à la culture. 

Je me souviens de la première poilée de cèpes de l’automne.

Je me souviens que la Secrétaire perpétuelle de l’Académie française déclara que Covid était du genre féminin. 

Je me souviens de la mort de Michæl lonsdale, le grand comédien.

Je me souviens du jour où la célèbre revue « le Débat » cessa de paraître.

Je me souviens avoir lu ceci : « la mort ne vient pas, c’est la vie qui se retire »

Je me souviens du jour où ma femme m’a dit : on va au théâtre comme sur la pointe des pieds avec la peur de déranger ou que tout s’écroule encore une fois.

Je me souviens que le jour où l’on a égorgé un professeur d’histoire, on a entendu : c’est le premier, il y en aura d’autres.

Je me souviens du jour où débuta le deuxième confinement.

Je me souviens que Michel Serres a sobrement intitulé son dernier livre: Adishatz!

Je me souviens du jour où passèrent les premières grues dans le ciel annonçant l’hiver de leurs cris rauques roucoulés à l’infini.

Je me souviens du 15 décembre où les théâtres et les cinémas ont failli rouvrir.

Je me souviens de la mort de Giscard toujours brouillé avec la France.

Je me souviens avoir coupé la bûche de Noël pour 6 personnes.

Je me souviens de l’ultime négociation du Brexit et de l’affirmation des partenaires disant en chœur : nous avons gagné !

Je me souviens qu’à la fin de l’année 2020 on ne parlait que de vaccins.

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