RENTRÉE 2012

La vie culturelle alla son petit bonhomme de chemin tout l’été, le long de ses festivals, de ses évènements artistiques et de la torpeur qui semblait s’être abattue sur « le milieu », maintenant que la gauche était au pouvoir. Une même impression déjà ressentie en 1981 (je parle pour les jeunes) qui faisait que le changement ayant eu lieu, on n’avait plus de soucis à se faire.

C’est pourquoi sans doute, la baisse annoncée des crédits ne perturba pas tant que cela le baromètre avignonnais où se mesure traditionnellement la température du corps intermittent du spectacle. Il est vrai qu’un geste avait été fait en direction du spectacle vivant, de loin le plus sujet aux accès de fièvre pour calmer la tension et permettre au nouveau président et à sa nouvelle ministre de retrouver des intimes sous le mistral et les platanes là même où hier les ministres de droite se faisaient régulièrement houspiller, quand ce n’était pas pire, au motif que le budget de la culture restait stagnant. Nul ne s‘avisa de rappeler qu’il y a un an à peine, on avait promis-juré en ces lieux, un doublement des crédits de la culture, mais on était en période préélectorale, il est vrai. Cette fois, on fit comme si on ne s’était pas aperçu de la baisse. En d’autres temps, on aurait appelé cela, l’état de grâce. Il y eut bien quelques timides protestations ici ou là dans les arts plastiques ou le patrimoine, mais rien de comparable avec le vacarme que savent faire les intermittents du spectacle. Aussi bien, on n’a rien entendu, on verrait plus tard. Plus tard, c’est maintenant. La jolie ministre de la culture, après avoir savamment arrangé sa chevelure sur le côté gauche de sa tête, s’est collée à la tâche et a annoncé les mauvaises nouvelles, oh certes, pas pour tous. Elle commença par les moins désagréables, le retour de la TVA sur le livre à 5,5%,( une sottise réparée), la préservation de l’enveloppe du spectacle vivant, la préservation en gros du Fonds de soutien au cinéma sur lequel lorgnait Bercy, un effort pour l’éducation artistique. Mais comme il faut aussi des mauvaises nouvelles, il y aurait des coupes. À commencer par cette « Maison de l’Histoire de France » si mal « vendue », si controversée, l’arrêt du projet d’un musée de la photo (un de plus) à Paris, l’arrêt de la construction du Centre d’art pariétal à Lascaux, (ah, dommage !) et celui d’une deuxième salle pour la Comédie Française (on attendra un autre directeur !) la fin de la curieuse « villa Médicis » à Montfermeil (une lubie du précédent ministre ?)la suspension du déménagement de l’hôtel de la marine en prévision de jours de meilleurs temps (la marine a l’habitude). Mais d’autres projets qui sont sur les rails seront eux conduits à leur terme, le M.u.c.e.m à Marseille ou le Musée Picasso à Paris seront achevés. Bref, on est en un temps où il faut faire des choix et n’en déplaise à certains, la culture en ces temps difficiles n’est pas la priorité du gouvernement. Restent les nominations. L’année qui s’annonce sera fertile en changements, une liste impressionnante de postes se trouvent à pourvoir ou à renouveler et c’est à ces détails que se marque vraiment le pouvoir. Les moyens, on l’a vu ne sont pas au rendez-vous, mais les places sont toujours aussi convoitées et il y a tant d’amis à caser. BNF, Musée d’Orsay, grands théâtres et Etablissements publics, Centres dramatiques, Opéra, Scènes nationales, la séquence est opportune et l’on verra si le fait du prince ou celui du mérite préside à ces choix annoncés. À vrai dire, tout est là, dans un pays où les subsides de la culture proviennent majoritairement de l’État, s’assurer de bons serviteurs est essentiel, choisir les plus méritants est de l’ordre de la vertu, celle que le ministre de l’éducation nationale voudrait enseigner dans les classes, mais d’ici qu’une nouvelle génération soit formée, de l’eau aura le temps de couler sous le pont des arts

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