ET LA REINE D’ANGLETERRE FÊTA SON JUBILÉ…

Curieuse époque tout de même. La guerre est aux portes de l’Europe comme aux beaux temps de la guerre froide. On n’avait plus vu les tanks du pacte de Varsovie déferler dans les villes depuis Budapest 1986, Prague 1968, et voilà que se produit l’inimaginable : la guerre avec menace nucléaire qui ressurgit alors qu’on ne l’attendait plus

Et pendant ce temps-là on préparait le jubilé de la reine d’Angleterre

En France le Président nouvellement élu nommait une femme à la tête du gouvernement et quelques ministres destinés à attirer l’attention par leurs positions ou les accusations qu’on leur porte. 

Le festival de Cannes se déroulait dans une ambiance plus glamour que jamais et sans une goutte de pluie, mais une coupe d’Europe de football se passait de la pire des façons au stade de France.

Et pendant ce temps-là on préparait le jubilé de la reine d’Angleterre

Aux États-Unis une tuerie de plus dans une école du Texas se produisit en même temps que se réunissait la convention annuelle de la RNA le lobby des armes à feu en présence de l’ex président Trump.

Et pendant ce temps-là se préparait le jubilé de la reine d’Angleterre 

En Chine la répression des Ouighours s’accentuait ce qui n’empêchait pas l’Empire du milieu d’envoyer 3 astronautes dans sa station spatiale.

On apprenait aussi que l’Iran était en passe d’atteindre le seuil du nucléaire

Et pendant ce temps-là on fêtait le jubilé de la reine d’Angleterre

À Paris, le tournoi de tennis de Roland Garros s’ouvrait, sur la terre battue de la couleur des paysages de castille ou d’Andalousie et c’est le Majorquin Nadal qui l’emportait pour la quatorzième fois. À Versailles, on commençait à recruter des enseignants au rabais

Et pendant ce temps-là, on fêtait le jubilé de la reine d’Angleterre.

En France toujours, l’extrême gauche mélenchonienne était en train de réussir une OPA sur la gauche du congrès d’Épinay, effaçant des années de Mitterrandisme d’un seul coup.

Et pendant ce temps-là, on fêtait le jubilé de la reine d’Angleterre.

Au Donbass et ailleurs en Ukraine le dernier Tsar de presque toutes les Russies liquidait son arsenal classique en bombardant villes, villages et champs de blé en herbe. Le monde craint une famine consécutive à un chantage aux céréales.

Et pendant ce temps-là, on fêtait le jubilé de la reine d’Angleterre.

Les Français comme d’autres tournés vers Londres, regardèrent cela comme une curiosité de plus avec le Tea-time, les chapeaux fleuris, les carrosses d’un autre âge, les bonnets à poils des soldats de la garde copiés sur ceux de Napoléon, et l’ours de Paddington.

Voilà bien une chose rare par les temps qui courent dans les démocraties ; un véritable moment de communion nationale en dépit de tout, des histoires de famille royale aussi calamiteuses qu’ailleurs, en dépit d’un temps maussade, d’un Brexit difficile, d’un Premier ministre empêtré dans des histoires de cocktails par temps de pandémie, malgré tout ça, des millions d’Anglais, levés tôt et accrochés à leurs ombrelles, leur drapeau et aux barrières qui balisent le défilé entre Westminster et Buckingham palace, étaient tous dans la rue.

Pourtant la vielle dame qui désespère son fils frustré de ne jamais pouvoir monter sur le trône, écoutera gentiment ce dernier lui dire avec l’humour qui le caractérise : « cela fait 70 ans que vous êtes là pour nous ». C’est qu’elle sait bien la Reine, qu’après sa disparition l’Empire britannique ne sera plus qu’un souvenir glamour pour les tabloïds et les historiens de la famille royale. Mieux que Nadal et sa longévité de tennismen elle aura a accompli cette prouesse absolue de passer sans être défrisée de la télé en noir et blanc à la télé couleur. 

Mais s’il est une chose qui rend cette cérémonie contemporaine, c’est qu’elle nous montre que les Empires peuvent survivre à leur disparition par l’exercice symbolique d’un pouvoir qui n’a plus besoin de la canonnière ni des missiles pour exercer son autorité et son rayonnement. Voilà bien une chose que le Tsar Poutine tout bouffi de colère devrait apprendre avant que l’histoire ne retienne l’image du dernier tyran aveuglé par sa haine de mari trompé par un peuple courageux qui lui, avait déjà changé de siècle.

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