CATHERINE DENEUVE, NOTRE STAR FRANÇAISE

affiche du festival de Cannes; A.Lestié cliché ouverture du festival

Chaque année on découvre avec curiosité l’affiche du festival de Cannes qui reste qu’on le veuille ou non le plus grand festival de cinéma du monde même si l’industrie qui le soutient, elle, ne l’est plus depuis longtemps, supplantée par les Majors américaines. Mais le festival de Cannes reste ce qu’il est, la grande vitrine de tous les cinémas du monde car c’est là que se sont imposés les plus grands : les Chinois, Coréens, les Russes, les sud-Américains au même titre que les Européens et les nord-Américains. C’est pourquoi l’ambiance y est sans pareille et que l’affiche ou l’image qui orne la grande façade du palais des festivals fait toujours rêver car elle dit quelque chose du cinéma en général et en France particulièrement.

Celle-ci montre Catherine Deneuve prise sur la plage de Pampelonne lors du tournage du film « la chamade » d’Alain Cavalier d’après Françoise Sagan en 1968, à une encablure de Cannes. Sa silhouette, son visage, son expression saisies par une grand photographe, (Jack Garofalo), séduisent et convainquent.

Voilà bien là notre artiste nationale, notre icône française. Après Jeanne Moreau ou Danièle Darrieux, c’est une de ces femmes qui incarnent le charme et l’élégance française, la mutinerie aussi, l’audace et la séduction. 

Voilà une comédienne qui peut évoluer dans les univers les plus contrastés qui soient, les films de Jacques Demy et d’Agnès Varda, comme ceux de Bunuel, ceux de Truffaut comme ceux de Polanski, ceux de De Ferreri comme de Téchiné en gardant toujours le même mystère, la même distance à ces personnages si différents. Toujours elle-même, toujours multiple, sachant tout faire, danser, chanter, jouer le drame comme la comédie, élitiste et populaire, accumulant les succès. De « Peau d’âne » à « Indochine » de Régis Wargnier (oscar du meilleur film international), reconnue par le 7° art partout, elle sera la vice-présidente du festival de Cannes avec Clint Eastwood, elle recevra une palme d’honneur en 2005 et un prix spécial pour l‘ensemble de sa carrière lors du 61° festival.

Elle partage avec Alain Delon cette capacité d’avoir un rayonnement international et cependant, si elle nous reste proche on hésite un peu à la situer au même niveau que Marilyn Monroe, Marlène Dietrich ou Ingrid Bergman et cependant, voilà qu’à son tour elle devient comme les susnommées l’image iconique de ce grand festival, ce qui n’est que justice.

Qu’est-ce que cela dit de notre rapport au cinéma ? N’est-ce pas, en ce moment où le cinéma traverse une crise et où une grande part de son industrie se déporte sur les plateformes, où les films glissent comme des savonnettes sur le lavabo que les français veulent se souvenir que ce sont eux qui ont inventé l’art cinématographique et tourné des films inoubliables, alors même que leur production de films et leurs équipements de diffusion sont encore parmi les meilleurs, mais que le temps est venu de compter sur ses propres forces et qu’à tout prendre, s’il faut ouvrir les parapluies sous les orages, il vaut encore mieux que ce soit ceux de Cherbourg !

60 ans de carrière ininterrompue et de présence sur les écrans, celle qui passa souriante et provocante sous les sunlights n’aura cessé de nous surprendre. Assez libre pour signer le manifeste des 343 pour la légalisation de l’avortement et en même temps pour signer une tribune au pire moment de #Me-Too pour rappeler que tous les hommes ne sont pas des prédateurs en tant que tels et que la séduction et les jeux de l’amour restent quand même une passion française. Anticonformiste, indépendante, ayant mené sa vie entre ses différents maris, elle incarne la femme libre et indépendante qui aura eu vingt ans ou un peu plus en 1968 et en a conservé la liberté de vivre de dire et de penser. À tout prendre elle est le fil féminin qui aura cousu l’époque à son cinéma, ce cinéma que nous aimons tant et qu’elle incarne si bien, celui qu’adorent les cinéphiles et aussi le grand public ce qui n’est pas si fréquent. N’aura-t-elle pas donné son buste en modèle pour la Marianne de 1985 ? C’est tout dire. Hommage à notre grande star.

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