VIE PRIVEE

« Le privilège et l’embarras de celui qui doit faire une chronique en début d’année, même s’il a encore le cerveau embrumé de vapeurs légères, c’est qu’il a la possibilité d’émettre un souhait : « Bonne année » par exemple. Mais depuis qu’on se souhaite de tels vœux et qu’on finit l’année dans les grèves, les conflits, la morosité ou le ressentiment, cela rend prudent et circonspect.

Il y a cependant un souhait que j’aimerais bien formuler même si les choses n’en prennent guère le chemin, c’est celui du respect de la vie privée.  Car de quelque côté qu’on se tourne en effet, s’il y a une chose qu’on peut être sûr d’avoir perdu, c’est le contrôle de notre vie privée.

Ce n’est pas seulement le cas des vedettes, celui des personnalités médiatiques, des « people » comme on dit, non, c’est vous et moi, chacun de nous, chacun de ceux qui, mus par le goût du contact avec autrui, par l’attractivité des nouveaux moyens de communication ou par le narcissisme primaire, disons-le aussi, nous trouvons exposés à la révélation publique de notre vie privée ? Parce que nous avons cédé aux avances technologiques, parce que nous avons eu un jour envie de partager nos succès, nos idées, nos passions avec autres sur les réseaux sociaux en nous disant : ma foi, avec tous ces amis que je me fais facilement d’un clic, il y en aura bien quelques-uns qui penseront comme moi, qui me trouveront beau ou belle avec mon, « profil » flatté, qui auront envie d’échanger avec moi, de partager des photos de vacances, mes irritations ou mes enthousiasmes.

Rien de grave jusque-là me direz-vous. En apparence seulement. Car il faut savoir que de tout cela, rien n’est perdu, tout s’accumule et s’archive : nos bêtises d’adolescents comme nos distractions, nos bons ou mauvais mots ou nos opinions mal calibrées, car le monde qui vient est un monde de comptables, de juges et de bourreaux impitoyables ; tous prêts à nous sauter dessus en ouvrant la boite à secrets que nous aurons imprudemment laissée ouverte, à la première occasion.

Vous le savez, vous l’avez constaté, vous avez vu comment le déferlement de haine, de bassesse, de violence peut à tout moment débouler sur les réseaux sociaux. Vous avez vu la curée médiatique déchirer des réputations et des carrières. Vous avez vu ces doigts accusateurs se pointer partout, chacun pouvant dénoncer chacun, à tout moment, selon que les circonstances et le développement des mœurs le permet, l’autorise, le recommande et souvent sous couvert d’anonymat. Vous avez vu comment nous glissons peu à peu vers une société de délateurs anonymes. Vous avez vu comment se rassemblent sur un clic et sans rien vérifier ni respecter aucune présomption d’innocence, la foule des suiveurs, des accusateurs qui accable et juge avant tout procès. Vous le voyez et savez que cela a déjà eu lieu dans l’histoire.

Oh, certes, tous ceux qui se drapent d’une vertu toute neuve, c’est pour le bon motif, c’est au nom de la morale. La morale est devenue ce nouveau commandement qui vient relayer la politique, mais la morale n’est bien souvent que l’expression du conformisme. L’indignation alors remplace la réflexion.

Nous vivons désormais sous le règne du politiquement correct. Tout nous incite à la prudence. C’est l’hypocrisie généralisée.

Faut-il alors ne se livrer qu’avec parcimonie, n’avancer que sur la pointe des pieds, rouvrir les confessionnaux (bien plus sûrs en matière de secrets), fréquenter les cabinets de psychanalystes (tout aussi sûrs mais plus chers) ? Car le besoin de parler, de se livrer, de se faire admirer ou haïr, étant consubstantiels à notre nature, nous résistions mal aux confidences. Chacun autant que nous sommes, n’avons-nous jamais dit un mot de trop ?

Vous voyez bien ! L’ennui, est que « Big Brother » veille désormais sur nous.

Alors, la solution n’est-elle pas de « parler pour ne rien dire » ?

Voilà qui me ferait bien une chronique pour un début d‘année paresseux !

 

 

VENISE S’ENFONCE

On a déjà oublié l’information et l’événement tant il est devenu banal de dire que Venise s’enfonce sous les eaux : 30cm au siècle dernier qui atteindront 1 mètre au siècle suivant, le notre. Et la basilique Saint Marc qui se dégrade inexorablement. Une structure de briques recouverte de marbres avec des sols et des murs en mosaïques que l’eau salée ronge plus surement que des rats ne pourraient le faire dans une vieille bibliothèque. Et du reste, c’est bien là l’analogie qu’il faut faire. Outre qu’elle est un lieu de culte tout autant que de tourisme, la basilique est une bibliothèque des arts et de l’histoire, un catalogue de merveilles unique au monde.

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GLOBISH

Un peu énervé comme d’autres, par ce fameux « Black Friday » qui s’était mis à recouvrir en un temps record les devantures des magasins et à saturer l’espace médiatique (mais on commence à avoir l’habitude de ce qu’il faut bien appeler le bourrage de crâne qui rappelle ce que dans un temps lointain on nommait la propagande !) j’en étais là de mes réflexions en constatant chaque jour davantage notre conversion inéluctable à un mode de vie et de communication transatlantique.

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SUJETS DE BAC À PAU.

Ce sont quatre mots qui interpellent depuis quelque temps déjà sur les affiches de notre cité. On a beau passer vite, lire, oublier, relire, on finit par les retenir : « En quoi croire encore » ?

Diable se dira le voyageur de passage, voilà une cité bien érudite et des édiles assez confiants en la puissance méditative de leurs habitants pour les interroger de la sorte ? Il est vrai que la rue ces derniers temps paraissait moins occupée par la tentation métaphysique que par l’action concrète, immédiate et colorée. Mais il s’agit d’un entracte sans doute.

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VACHES SACRÉES

Pour l’inauguration d’un équipement culturel Béarnais qui rassemble à la fois le musée des Beaux-Arts et l’École des arts il ne falut pas moins de deux ministres de la culture et non des moindres.

L’un dont le nom est devenu synonyme du monde de la culture au titre de ministre perpétuel : Jack Lang, l’autre celui dont le passage rue de Valois fut éphémère mais non moins important : Jean-Jacques Aillagon.

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